Une roue cassée, un pneu éclaté, des bouts de verre sur le sol mouillé et plein de morceaux de chair.

J’ai persisté dans le même sens, je sens bien que je ne vais nulle part, et pourtant.

Pourtant dans tout ce chantier en ruine, dans tous ces décombres, à travers les éclats d’obus, les morceaux de pierre,  il me tient la main. Malgré tout il persiste dans son envie. Et je ne sais plus comment l’admirer ou le blâmer. Des fois je voudrais qu’il parte en tirant le constat de mon état de délabrement, qu’il ouvre les yeux. Et peut être au final qu’il a déjà les yeux bien ouverts.

Il sait toujours très bien ce qu’il fait et où il va.

Il sait pourquoi il reste.

Alors je m’agrippe comme une naufragée à son assurance et à sa témérité. J’ai confiance en lui plus qu’en tout autre chose. Je sais que le monde ne fait pas de cadeaux aux personnes égarées et pourtant j’ai de la chance, quoi que j’en vienne à penser parfois. Je  m’accroche à son bras comme à une branche, comme la petite fille que j’étais avant et qui pleure chaque fois qu’une

épine vient se greffer à sa peau.