Lui : Ma puce j’dors une heure et quelques, tu veux bien ?

Moi : Oui t’inquiète

Lui : Mais tu vas pas dormir toi...

Moi : Si si t’inquiète. Non j’pense que je vais me faire chier comme un rat mort.

Et paf il dort.                

Alors je suis deg, je me dis que merde j’avais bien envie d’être dans ses bras, et d’un bisou peut être…j’attendrai qu’il se réveille. Je monte dans la cuisine et son frère passe.

« Pourquoi il dort Sacha »

« Je sais pas, il est fatigué ».

On parle un peu.

Quand Sacha se réveille il a mal au crane et l’air énervé. Je suis gentille, j’ai toujours envie d’un câlin.

Je suis névrosée des calins.

« Ma puce, tu veux continuer le dessin ? »

Je sais pas trop. Je ne pense qu’à être dans ses bras, du soir au matin. Et du matin au soir je le regarde bouger, parler, sourire, boire, dormir, sans trop l’approcher comme si son corps était cintré d’une bulle susceptible. Mais ce dessin je dois le finir, il faut qu’il me survive dans cette chambre. Je veux que mon monstre voleur puisse l’observer à ma place quand je serais loin, que Laoccon et lui le surveillent à ma place.

25° toute la journée. Mon seul été dans cette journée. C’était mon dimanche et il s’est couché.

Je vais rentrer à Lille, je veux emporter avec moi assez de chaleur pour tenir sans toi, et tu dors.

J’attendais le soir, j’attendais depuis le matin, le soir, qu’il me prenne dans ses bras. 

J’attendais, je suis idiote.

Je me suis mise à pleurer dans son lit, il dormait, il n'entendait pas. Peut etre qu'il faisait semblant.

A 2h du matin je l’ai réveillé, j'ai dis "Ramène moi chez moi." avec des mots de fer rouillés qui me sont restés dans la gorge la brûlant au 3e degré. Il s'est levé en jettant violemment la couette qui le tenait au chaud, il est monté dans la cuisine sans ouvrir la bouche, il a pris les clefs de sa voiture et ne s'est pas retourné. Je le suivais en scrutant chacun de ses gestes pour y sentir un recul, une hésitation, mais rien. Il a démarré le moteur. A chaque mètre que la voiture avalait je priais pour qu’il fasse demi -tour, je brûlais mentalement des barres et des barres d'encens pour alerter en signaux de fumée celui qui rédige les pages du destin. Je serrais les dents. Je voulais tourner le volant par la force de mon esprit embrumé mais la route défilait calmement et mes tempes bouillonnaient.

Au bout de la rue deux phares énormes nous ont éblouis. Cinq policiers sont sortis d'une camionette en patrouille. C'était mort, il allait me larguer sur le champ, ravi de se débarrasser de cette folle furieuse qui le sortait du lit pour se faire embarquer au poste. J'avais encore les yeux rouges d'avoir pleuré, j'ai eu peur qu'ils confondent et qu'il fouille Sacha. Mais finalement ils sont partis en nous demandant de pas trainer dehors à cette heure.

On s'est réinstallé dans la voiture, il tenait le volant des deux mains comme pour se calmer. J'ai tourné la tète vers lui avec des yeux suppliants, j'ai murmuré doucement, je lui ai demandé de me ramener avec lui. Mes signaux de fumé se sont évaporés. Sans mot dire, on s'est réinstallé doucement sous sa couette, ma tète sur son bras, et j'ai pris sa main.

Il est comme il est… et je suis folle.