J’ai compris.

Je sais maintenant que je ne mourai pas de son absence. Je n’ai pas pleuré quand il m’a dit qu’il devait réfléchir. Je n’ai pas sentie mes jambes mollir sous le poids de la nouvelle, j’ai continué de respirer. Pendant une journée un marteau n’a cessé de me frapper le crane, me rappelant chaque seconde qu’il fallait bien que j’ai mal quelque part…qu’il fallait réaliser. J’étais trop fragile pour comprendre j’ai fermé les yeux. Je devais trouver ça étrange au fond de moi…

J’avais raison.

J’ai compris. Il n’est pas un ange, pas un sauveur, pas même une bonne nouvelle.

Il est humain, il n’est ni un prince charmant, ni un prince tout court…c’est un mec, abruti et intelligent, délicat et brutal, égoïste, indifférent, et j’ai besoin de lui.

Il n’est pas ce rêve que j’invente, il est réel, avec ses problèmes et non les miens, il est une autre part de moi, une autre histoire…il ne vaut pas mieux qu’un autre : j’ai perdu confiance.

Et je m’en fou, j’arrête de me monter des films, la fidélité, l’amour véritable, tout ça c’est naze. Moi je l’aime, et non je ne pourrai pas le tromper parce que ça fausserai tout mes mots envers lui. Alors qu’il parle, je n’écoute qu’à moitié, dire qu’il m’aime et embrasser une autre fille est d’une logique implacable et une bonne façon de me prendre pour une conne.

Finalement s’il revient vers moi, pour le cul ou parce qu’elle ne servait à rien, quelle différence, les paillettes se sont envolées et ce n’est surement pas plus mal.

J’ose le regarder dans les yeux puisqu’il n’y a rien à y voir, j’ose poser mes mains sur lui : il n’est pas en or.

Il a dit qu’il ne savait plus où il en était, il a décidé de faire une pause « mais va te faire foutre avec tes pauses…raccroche j’ai pas à envie d’entendre tes conneries ». J’ai raccroché. C’était mercredi. J’ai marché jusqu’à ma chambre en lâchant le portable, Nico était allongé dans mon lit, la tète dans l’oreiller. Je me suis allongé contre lui et il m’a prise dans ses bras. On est resté cinq minutes comme ça, sans rien dire. Je ne pleurai pas, je ne réfléchissais plus.

Quand il a voulu me parler, en me caressant les cheveux, je lui ai demandé de partir c’était vraiment pas le moment.

Vincent m’avait proposé de se voir, je pensais voir Sacha. J’ai rappelé et je suis allé le voir. Il parlait et j’avais du mal à écouter. On s’est assis avec son frère sur la terrasse du mcdo. On plaisantait. Je ne savais plus où j’en étais.

« Allé t’en fait pas, déconnecte un peu, ça va passer »

On a passé la soirée ensemble, on avait jamais vraiment parlé face à face comme ça. On taffait ensemble sans pouvoir discuter, et Sacha n’aurait pas aimé. On a attendu la fermeture, et vers minuit il m’a proposé de me ramener chez moi. De toute façon j’avais pas d’autre solution. Je lui ai fait la bise. J’ai monté l’escalier jusqu’à chez moi et j’ai reçu un texto.

« J’aurai voulu t’embrasser, j’avais peur de ta réaction. »

J’ai souris. Tu auras tout le loisir de le faire, la fidélité n’existe pas et je n’ai plus de copain.

J’ai passé la journée de jeudi avec Romain à Paris, errant dans les métros comme un zombie. J’étais fatiguée et j’avais mal. J’ai commencé un dvd avec ma sœur sur son pc. J’ai reçu un message.

« orange-info vous informe…le 0615254*** cherche à vous joindre et souhaite que vous le rappeliez »

J’ai rappelé.

« Je m’excuse, j’ai réfléchis »….je ne sais plus ce que je devais excuser. Il devait penser que j’étais au bord du suicide alors que non. Et pourtant j’ai pas pu m’empêcher de pleurer comme une merde en entendant le son de sa voix, comme si j’avais cru ne plus l’entendre. J’étais heureuse même s’il me prenait pour une conne.

Si les autres auraient tout fait pour moi, je ferai tout pour lui, mais je ne me laisserai pas m’humilier. Je n’ai rien à dire de ce qu’il a fait, ça me dépasse et il n’y a rien à comprendre. Il est de nouveau à moi parait-il… je m’en veux d’être à lui malgré moi.