Ecrit le 17 juin 2008

Je ne saurais pas trop décrire ce qui se passe. J’ai cessé d’espérer. J’ai parlé à Gauthier, je lui ai donné ma version, la contre version de Sacha. Il ne connaissait que ses discours à lui, il me prenait pour la chiante, celle qui exige ci ou ça avec l’autorité d’une petite fille gâtée… : comme si je pouvais exiger quoique ce soit !

Je lui ai parlé de Sacha comme s’il était un gros salaud et que j’étais une pauvre victime, et j’ai observé Gauthier se perdre d’une version à l’autre avec l’air effaré du témoin d’une cour d’assise où s’oppose la version des accusés au banc. Et à travers ses yeux étrangers je voyais toute la stupidité de la situation. Ça fait quelque temps déjà que perd l’espoir de voir ma relation évoluer vers quelque chose. J’ai passé la date limite. Je n’attends plus rien de lui et encore moins de notre histoire. Il ne s’y passe rien. Pas d’échange, pas de mots, pas de regards, pas de sourires. Pas de soirées, pas de chanson en commun, pas de souvenirs heureux, que des drames, de la trahison, des pleurs, des regrets, des déceptions… Mes espoirs naissent sans lui.

Je repense à l’année qui vient de s’écouler, elle est passée trop vite et ma fatigue s’est accumulée. Je n’ai rien raté, j’ai juste attendu que ça se passe. Tout ça n’a abouti à rien. J’ai oublié la sensation que j’avais dans les bras d’Edouard et la sérénité que je trouvais auprès de lui, tant mieux, je ne souffre plus de l’avoir perdu, je ne ressens plus le manque qui me tiraillait l’année dernière. Je suis toute vide, je me suis vidée toute l’année, je n’ai plus envie de le voir, je ne pleure plus quand il me déçoit, je ne ressens plus rien face à lui. Ça me fait mal, encore plus quand je pense à toute l’énergie que j’ai dépensée pour faire vivre cette histoire. Comme si j’avais arrosé une plante mort-née. Depuis quelques semaines je ressens à nouveau le manque de confiance en lui. Samedi dernier je lui ai demandé s’il penserait encore à embrasser une fille pendant une soirée s’il en avait l’occasion, il m’a répondu que c’était possible, "si je tombais sur une fille que j'ai aimé avant toi, je sais pas"... j'ai pensé "Avant que tu ne me le rapelles, je me souvenais meme plus que j'avais aimé quelqu'un avant toi".

Maintenant je m'en souviens, et je me dis que je pourrais aimer quelqu'un après lui.

J’y ai pensé toute la soirée de mercredi avec Ryne. Y’avait ce garçon trop beau à coté de moi. J’étais persuadée qu’il ne me voyait pas, même quand il me regardait. Il parlait avec Ryne, j’arrivais pas à suivre la conversation, j’étais juste près d’eux. Comme je m’affalais de plus en plus sur lui, j’imaginais la sensation que j’aurais à me blottir dans ses bras, sans même le connaitre, sans l’avoir jamais vu, et j’étais sure qu’il me serrerait avec plus de chaleur que ne l’a jamais fait Sacha. J’ai failli m’évanouir quand il a plongé ses yeux bleus dans les miens et a passé furtivement sa main sur ma joue en ponctuant la fin de sa phrase d’un « en plus t’es belle ». Et il y’avait ce mec qui voulait me trainer dans la chambre d’un des colloc, qui me parlait de vacances à deux au Caraïbes devant l’écran plat du salon, je devais être aussi bourrée que lui mais je ne me souvenais plus du bien que ça faisait de faire des projets impossibles, juste pour rêver à deux…

Mais le blond me faisait penser au Julien du collège, il dégageait toute cette chaleur à force de sourire, il était plongé dans ses débats abscons avec Ryne, il parlait presque plus que moi et me regardait des fois pour voir si je suivais. Nan je suivais rien du tout, je l'observais. Quand on est allée se coucher, Ryne me disait qu’il n’aurait pas refusé de m’embrasser. Et je me demandais pourquoi j’étais fidèle à un mec qui ne l’était pas, pourquoi je n’avais pas sauté sur ce mec magnifique, alors que trois heures auparavant je téléphonais à Sacha et que notre discussion était plus froide qu’une discussion entre ennemis jurés. Je sais qu’il sautera sur la première occasion de me tromper à nouveau, il attend juste de tomber sur une fille qui lui plait, qui sera susceptible d’être une petite amie convenable, une fille qu’il pourra présenter après moi à sa famille, à ses amis. Une fille qui vaudra la peine de me larguer.

Je ne réclame plus. J’ai du mal à lui faire l’amour, c’est comme s’il me connaissait pas. Avant quand on faisait l’amour j’imaginais que ça allait être notre vraie première fois, il n’y en a jamais eu, et j’ai du mal à espérer encore. Je m’emmerde à attendre. Je sais pas s’il espère encore quelque chose de moi. J'avais pas encore rencontré de mec qui me plaisait réèllement depuis lui, un mec comme Nico, comme Gary, Comme Sacha...un mec avec qui je m'imagine. J’aimerai bien rencontrer ce Julien dans d’autres circonstances, le souvenir que j’ai de lui est surement déformé, mais je l’aime parce qu’il m'a rapellé que je n'étais pas invisible et que je ne suis pas insensible .