Mon train file. Il fait nuit.

J’arrive à Lille Europe, Gauthier m’attend sous le panneau avec un de ses livres intellectuels. Il attrape ma valise et au premier coup d’œil s’exclame « Aaaah ça te va trop bien, trop belle ma chérie !!! »

Je l’adore!

On rentre chez lui. J’ai ramené Aviator, qu’on doit regarder depuis deux semaines et je m’affale sur ce même canapé où je m’échoue depuis trois jours. Il est presque 21h et je commence à m’endormir. Quand je me réveille un peu après, Gauthier se marre tout seul avec sa webcam. Il montre à ses parents pauvre plante verte que je suis, enfouie sous 25 couettes et 35 oreillers. Ma mère m’appelle, elle veut parler à Gauthier, elle lui demande de bien s’occuper de moi, et il la rassure, et je me sens entourée, j’ai plus mal.

« Ça t’embête si je squatte ton canapé ce soir ? »

« Pas du tout ma poule ! J’vais te chercher ta couette ! »

« Non non laisse j’y vais ».

Je remonte à ma chambre et enfile ma tenue de combat, je me démaquille, m’empare de ma couette et de mon oreiller. Je descend l’escalier au milieu d’un vacarme non identifié et me retrouve nez a nez avec 10 personnes dans le couloir…

Je me fraye un chemin jusqu’à la porte de Gauthier ou stationnent trois mecs armés de bouteilles de rhum coca et vodka redbull… ( ??? )

« AAAh c’est elle ta Mathilde, salut moi j’suis machin, et lui trucmuch, salut salut, heeeu on va au Cap’tain ce soir, vous venez ? »

Je pose ma couette en essayant d’avoir l’air plus éveillée que je ne le suis, Gauthier s’approche de moi

« C’est comme tu veux ma poule, si tu veux dormir »

« Ah non non, j’vais juste retourner me remaquiller !!! »

« Ok, nous on prend l’apéro en haut, quand vous êtes près montez !!! »

Gauthier me regarde, je regarde Gauthier, on se dit qu’on était pratiquement couchés ! Je remonte à ma chambre, j’échange ma tenue de combat contre mon autre tenue de combat.

Je m’assoie sur le canapé des voisins à coté de Gauthier, c’est la 15^e fois qu’on nous prend pour un couple, la femme de l’auto école, un clochard dans le métro, une caissière de magasin… « C’est une très très bonne amie a moi » et on se regarde comme si on avait traversé plusieurs siècles, deux guerres mondiales et trois ouragans.

J’enfile une veste et perchée sur mes talons Gauthier me dit que je suis très élégante, et ça me fait du bien un compliment à ce moment.

On s’entasse dans deux voitures sur fond de CD à Gauthier, avec deux pleupleu à l’arrière petés comme les blés, hurlant lassschiiate mi cantaaaaaaréééééééééé

Après s’être perdu trois fois au fin fond de la Belgique on arrive à la boite. C’est tout simplement immense, y’a trois parking comme ceux de carrefour. On doit faire la queue dans un immense couloir pour entrer. J’ai déjà sérieusement entamée la bouteille de vodka du mec assis derrière moi et j’ai très envie de pisser. C’est les 15ans de la boite, tout est blindé et surtout les chiottes, je saurais pas m’orienter dans tout ça, surtout après deux dolipranes, un somnifère, un calmant et une bouteille de vodka dans la tronche, alors je colle Gauthier.

On se perd sur la piste mais il me suis des yeux, et puis au bout d’une heure j’ai la tète qui tourne, je lui fait signe que je m’assoie un peu au bar. Il me dit que les voisins ont cassés, que la fille va partir de l’appart. Je pense qu’il doit être content, il kiff bien la fille, sauf que moi ce que je comprends c’est que s’il sort avec elle il s’occupera plus de moi. Je lui dis que c’est cool et me dirige vers le bar. Y’a un des mecs avec nous qui s’installe près de moi, il me gueule à l’oreille des trucs que je comprends pas en me caressant les cheveux. Son pote arrive, le voisin, ex copain de la fille, et le vire de sa place pour s’asseoir à coté de moi. Tout a coup j’ai un haut le cœur, et un vertige, le mec s’en aperçoit et me demande si ça va, je fais non de la tète en espérant qu’il me conduise aux chiottes puisque j’ai pas repéré la route.

It's a thief in the night
To come and grab you
It can creep up inside you
And consume you
A disease of the mind
It can control you
I feel like a monster

Il me prend le bras et me guide à travers la foule et me tenant les mains et en se retournant. Il me conduit dehors. Il m’assoit sur un banc en me serrant contre lui.

« Ça va mieux, t’as pas trop froid ? »

J’essaye de voir un peu mieux son visage, je le trouvais super beau a l’apéro à la maison…il me caresse le visage en me regardant de haut, il a des yeux bleus magnifiques. J’espère que j’ai pas trop l’air déchirée, c’est pas glamour, mais j’me pardonne pour cette fois. Il me raccompagne dans la boite et me conduit dans une des cinquante salle et on s’installe a un bar. Jme suis dit qu'il était pas trop bourré quand il m'a demandé si j'avais un chéri.

Il me tient contre lui, il me tripote pas, il est délicat et protecteur. Il demande un verre d’eau pour moi et un sky pour lui. Il me lâche pas des yeux, me caresse les cheveux comme une petite chose fragile. Je me dis qu’il doit pas être bien non plus à cause de sa copine. Il sait rien de moi, ni comment je m’appelle, ni ce que je fais, ni ce qu’il se passe dans ma vie. Il me prend dans ses bras et me serre contre lui, me caresse les bras, le dos, le visage, et puis il m’embrasse comme on m’a jamais embrassé, pendant une heure on s’embrasse, comme si y’avait rien autour, au milieu des gens, il me serre contre lui, il ne touche ni mes fesses, ni mes seins, même si on est bourrés, même si on est en boite, il s’arrête au bas du dos, au visage, il me regarde, sourit et m’embrasse et j’ai l’impression pendant une heure qu’on fusionne. Il est grand, plus grand que Sacha. Plus beau que Sacha.

Et puis a un moment il s’est mis a recevoir des messages, on nous cherchait. Il m’a prit par la main en la serrant fort et m’a demandé « c’est pas parce que t’es déchirée que tu m’embrasses ? » j’ai répondu que non. On s’est faufilé a travers les gens on a retrouvé les autres, Gauthier, la voisine, ses potes…

Am I scaring you tonight
Your mind is in disturbia
Ain't used to what you like

Gauthier s’est jeté sur moi « J’te cherchais partout ma poule » j’étais trop contente de le revoir, on s’est assis sur des marches et on a discuté cinq minutes.

J’avais envie de tout raconter à Gauthier, mais j’osais pas. J’avais pas l’impression d’avoir mal agit, mais j’ai tellement besoin qu’il me considère mieux qu’une autre que j’avais peur qu’il trouve ça mal. On a dit aux autres qu’on partait. On a cherché la voiture pendant une heure sur le parking, on était mort de rire, j’essayais d’avoir l’air normal devant Gauthier qui avait pas bu. On a philosophé dans la voiture jusqu’à Hellemmes. En rentrant il voulait prendre une douche et manger un bout, je lui ai dit que je l’attendais. Je me suis allongé sur son canapé et j’me suis endormi sans m’en rendre compte. On s’est réveillé à 10h devant téléfoot, et on s’est rendormi. On a passé le dimanche dans le noir à manger des pâtes et regarder des films. C'est cette vie là que je veux...